Au détour de la rubrique Economie de Google Actualités, on pouvait accéder cet après-midi à un bien curieux article issu de Challenges.fr intitulé “Faut-il s’opposer aux gaz de schiste?”
D’emblée, devant un tel titre aussi provocateur, l’internaute lucide peut s’attendre à une partialité totale.
Et de déterminer alors une recette d’un article de propagande…
La recette
1/ Un titre accrocheur, provocateur à souhait, “réactionnaire”, imposant de facto la “bonne” réponse.
Ainsi par “Faut-il s’opposer aux gaz de schiste?”, on comprend aisément le contraire. Amusons nous à imaginer le vrai titre, plus franc, plus tranché, plus direct: “Gaz de Schiste: Qu’attend la France?”, “Pourquoi il ne faut pas s’opposer aux gaz de schiste” voire un “Quels sont les cons qui s’opposent encore aux gaz de schiste?”
2/Aucun auteur.
Aux politicards – notre poissonnière pro-FN en tête – souhaitant l’interdiction de l’anonymat sur internet, que dire d’un tel article sans signature?
Pardon, nous avons bien une signature, aussi flou qu’ubuesque: “Par Challenges” lien hypertexte pointant vers un amas d’articles du même auteur collégial. Toute la rédaction de Challenges a donc dû certainement participer. On est jamais trop nombreux pour partager une daube.
3/ Une belle infographie qui résume tout et impose l’article comme seule explication logique
On y voit ainsi un graphique représentant le prix du gaz comparé entre les USA et la France. Malgré des pics à plus de 200 (base 100), le prix du gaz aux Etats-Unis a globalement diminué de 2006 à 2012 pour passer de 100 à 48 dollars.
Pendant ce temps-là, en France, celui-ci a progressé par paliers suivant les autorisations des gouvernements successifs de 100 à 175 (base 100).
Comment expliquer cette différence? Par les arguments détaillés dans l’article, pardi!
4/Raccourcis dangereux
En seulement quatre petits paragraphes, le complexe problème énergétique se voit ici résumé. Une vraie caricature portée par deux phrases choc:
- “En France, les prix, corrélés à ceux du pétrole, ont crû de 25% en deux ans. Alors qu’aux Etats-Unis, grâce au boom des gaz de schiste, ils ont été divisés par trois.”
- Comprendre: Tant que la France n’osera pas le gaz de schiste, alors les Français devront accepter un prix du gaz fort et en progression!
- Une issue? Aucune puisqu’il est clairement écrit que “Le gaz, l’électricité et les carburants sont des dépenses incompressibles.” et qu’ “il faudrait pouvoir transporter les gaz américains en les liquéfiant pour qu’ils influent sur les prix européens.”
- Alors qu’il serait tellement plus simple de forer le sol européen pour en extraire ces fabuleuses ressources! Ah la France, ce pays de merde avec ces ordures d’écolos réfractaires…
5/ Top crédibilité: Arguments chiffrés à la clé
De vrais chiffres et des sources sérieuses crédibilisent le tout:
graphique de l’Insee, avalanche de chiffres (25%, 4,4%, 10%, 5%, 10 à 26%), des sommes importantes (290 millions d’euros, 4,4 millions d’euros), des acteurs majeurs (GDF Suez) et étatiques (Etats-Unis, France, Conseil D’Etat). De quoi convaincre, pas mal de monde.
Dommage que la rédaction de Challenges oublie simplement tous les impacts environnementaux catastrophiques et irréversibles liés aux technologies de forage des gaz de schiste.
Un mensonge par omission, grave, qui prouve, une fois encore, que tout est une question de point de vue…
Comme vous l’aurez compris, ici il n’est pas question d’informer mais bien d’imposer une idée. Celle de ceux qui ont tout intérêt à faire écrire de tels torchons en opposition totale au Journalisme digne de ce nom. Du pur lobbying, honteux et abject.
P.S.: Rue89, récemment racheté par le Groupe Perdriel, osera-t-il faire un article contre son confrère Challenges, également propriété du Groupe Perdriel?