• Nord Stream: nouvel itinéraire d’acheminent du gaz russe en Europe -Gaz de schiste

    Conformément au calendrier du projet Nord Stream, le premier tuyau du gazoduc passant par la mer Baltique sera mis en service dès l’automne 2011. Ensuite, d’ici 2013, il est prévu de construire et de mettre en service le second tube du système.

     9.12.2011,
     

    Photo: RIA Novosti
         

     A partir de ce moment, le volume total des fournitures du gaz russe en Europe par l’itinéraire nord se chiffrera à 55 milliards de mètres cubes par an. Il existe par ailleurs des informations concernant les plans de construction d’un troisième tube.

    Vladimir Revenkov, directeur du département des marchés gaziers de l’Institut de l’énergie et des finances, fait remarquer que cette initiative a, en effet, été énoncée.

    «Un des dirigeants russes a avancé cette initiative mais les Allemands l’ont formellement rejetée. L’heure de cette initiative n’a pas encore sonné, car l’Europe lutte contre les monopoles et ne souhaite pas augmenter sa dépendance gazière vis-à-vis de la Russie.

    Par ailleurs, l’Europe n’a pas besoin de tout ce gaz, ce qui rend inutile le troisième tube servant à acheminer le gaz russe en Europe par le nord». 

    Reste toutefois l’itinéraire sud d’acheminement du gaz russe en Europe. Et si la situation de Nord Stream paraît claire, South Stream n’existe pour le moment que sous la forme d’un projet, rappelle Vladimir Revenkov.

    **************

    «En toute honnêteté, je ne serais pas presser de réaliser ce projet, car la situation sur le marché européen ne justifie pas un tel afflux de gaz. Probablement, ce projet sera intéressant à long terme, dans 10 ou 20 ans, compte tenu du retrait de service des gazoducs biélorusses et ukrainiens, par lesquelles passe le gaz russe.

    Politiquement, le projet permet de contourner la Biélorussie et l’Ukraine et de redistribuer le gaz russe parmi ces nouveaux gazoducs, dont la capacité sélèvera à près de 118 milliards de mètres cubes de gaz par an, ce qui correspond à près de 80% des fournitures actuelles du gaz russe via la Biélorussie et l’Ukraine à destination de l’Union européenne».

    Selon Vladimir Revenkov, les Européens en sont parfaitement conscients, néanmoins ils continuent à préconiser la construction de leur propre gazoduc Nabucco dans le Sud.

    «Les Européens cherchent depuis longtemps à créer une concurrence des flux gaziers. 

    Le projet Nabucco est destiné à acheminer le gaz en provenance de l’Asie centrale et de la région caspienne sur le marché européen en contournement de la Russie. Son but est de contrer la Russie.

    Je rappelle que ce projet existe depuis plus de 20 ans. Mais quand et comment sera-t-il mis en œuvre ? Certes, l’entreprise chargée du projet existe, elle a un président, un vice-président et tout le personnel nécessaire. Elle est financée par les investisseurs du projet, à savoir par cinq plus grandes sociétés européennes. Il me semble que le projet a une très forte composante politique. Il est nourri par la crainte du gaz russe qu’éprouvent tous ceux qui soutiennent le projet. Ainsi, j’ai l’impression qu’il a surtout un caractère politique». 

    La situation paraît quelque peu bizarre : le projet reste en suspens, il ne s’est pas concrétisé, des sommes importantes ont déjà été déboursées, alors que ses perspectives paraissent plutôt floues. Par ailleurs, les Européens devraient d’abord trouver un moyen d’accéder aux gisements de gaz en Asie centrale et dans la région caspienne, fait remarquer Vladimir Revenkov.

    «Il faut avant tout posséder des sources sûres pour remplir le gazoduc, sans compter sur les gisements russes.

    Parmi les fournisseurs potentiels, on peut probablement citer l’Azerbaïdjan et le Turkménistan qui déclare posséder des gisements gigantesques mais il s’agit de les prouver. Parallèlement, le Turkménistan et la Chine ont déclaré qu’ils renforçaient leur coopération dans le secteur gazier.

    Il existe déjà un gazoduc qui relie le Turkménistan à la Chine : il assure le transit de près de 3 milliards de mètres cubes de gaz par an, et il est prévu d’augmenter ce volume en le faisant passer à 10 milliards et ensuite à 40 milliards de mètres cubes de gaz par an en provenance du Turkménistan. La question est donc de savoir si le Turkménistan parviendra à rediriger son gaz vers l’Europe étant donné ses capacités actuelle». 

    Dans le contexte des discussions liées au projet manifestement politisé de Nabucco, l’Europe se livre à une prospection active des gaz de schiste sur son territoire. Dernièrement, la Pologne et l’Ukraine ont rendu publique leur intention de réduire progressivement la consommation du gaz traditionnellement importé de Russie en lui substituant justement leurs propres gaz de schiste.

    D’après les estimations qui existent, les gaz de schiste sont effectivement présents dans certaines régions de l’Europe. Toutefois, contrairement aux Etats-Unis, l’Europe ne possède pas actuellement les ressources financières et techniques pour les investir à grande échelle dans la prospection et l’exploitation de ce nouveau type de combustible. Or, son coût sera très élevé, fait remarquer Vladimir Revenkov.

    «C’est une question purement économique, une question de coût. Selon les estimations des experts et des organisations étrangères, certains pays Européens, notamment la Pologne, que vous avez mentionnée, et la Suède, possèdent des gisements pour ainsi dire potentiels de ce combustible.

    Mais comment récupérer ce gaz pour pourvoir l’utiliser dans l’économie ?

    Les Etats-Unis sont complètement différents, c’est une autre planète avec une industrie pétrolière et gazière très développée. On y met en œuvre de nouvelles technologies dans des secteurs qui disposent d’infrastructures de transport de pétrole et de gaz dans toutes les directions. Il suffit de jeter un coup d’œil sur la carte montrant le réseau de gazoducs et d’oléoducs sur le territoire américain.

    L’Europe ne dispose de rien de tout cela.

    Par ailleurs, les technologies d’extraction des gaz de schiste prévoient une grande dépense d’eau. Elles prévoient l’injection de solutions chimiques afin d’augmenter le rendement des puits.

    Même aux Etats-Unis, on commence à se demander si le développement de ce secteur est justifié. Toutefois, le prix du gaz sur le marché américain nous montre actuellement que l’offre de ce type de gaz est abondante. Les perspectives des consommateurs sont bonnes. On y maintient des prix bas». 

    ********

    note

    Quel gâchis pout l'environnement, ce gaz de schiste. A vouloir faire des économies peut être substantiels, dans le proche futur, bonjour les dégâts sur l'environnement et rebonjour en ukraine possédant des "terres noires".

     

    *******

    Par ailleurs, le gouvernement ukrainien compte réduire considérablement la consommation du gaz russe à l’horizon 2020 grâce à l’exploitation des gisements locaux. L’attitude de Vladimir Revenkov est plutôt sceptique.

    «Je crois qu’il faut les laisser faire. Et la Russie économisera entre-temps son gaz.

    Quel intérêt a-t-elle à le vendre à l’Ukraine à un prix dérisoire ?

    Il est mieux de le léguer aux générations futures, comme le fait actuellement le Qatar. Ce pays a décrété un moratoire sur la poursuite de la prospection de son gisement nord et n’a pas actuellement l’intention d’augmenter ses fournitures de gaz naturel liquéfié sur le marché mondial, car il voit que la conjoncture ne favorise pas une augmentation effrénée des capacités de production. Tout dépend donc de la rentabilité économique des projets. Ceux qui sont rentables ont le droit d’exister. L’Ukraine est libre de développer l’exploitation de son gaz, qui, à une époque, était très considérable». 

    Il faut ajouter que, d’après les estimations américaines, la Pologne est le premier pays européen en termes de réserves de gaz de schiste avec pratiquement un tiers de toutes les réserves européennes, soit, prétendument, plus de 5.000 milliards de mètres cubes.

    Toutefois, les experts avisés émettent des réserves : non seulement les technologies d’extraction des gaz de schiste sont pour le moins compliquées, mais elles portent un préjudice considérable à l’environnement.

    Ainsi, la solution aqueuse injectée dans les puits afin d’augmenter leur rendement, contient certains agents chimiques qui sont réellement toxiques. Par ailleurs, la fracturation de la couche souterraine de schiste, sans laquelle il est impossible de récupérer le gaz, peut conduire à la remontée à la surface du méthane explosif.

    Finalement, les gaz de schiste ont un prix de revient très élevé. Il est de 200 dollars les 1000 mètres cubes aux Etats-Unis.

    Or, ce gaz doit ensuite être livré au client. Mais l’installation d’un compresseur n’est pas rentable au vu de la faible pression du gaz.
     
    • Cela limite le rayon de son utilisation à une centaine de kilomètres.

    En d’autres termes, même si la prospection en Pologne est couronnée de succès, les Polonais, comme tous les Européens, ne pourront pas survivre sans le gaz russe.

    ************************

    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks