Le gazoduc OPAL fournit 36 milliards de mètres cubes de gaz par an. Il relie la République tchèque à l’extrémité du Nord Stream sur la côte baltique de l’Allemagne. L’OPAL, c’est le prolongement du Nord Stream, qui est un gazoduc paneuropéen.

La Russie et l’Allemagne souhaitent que le gazoduc OPAL échappe aux normes du troisième Paquet « énergie » de l’Union européenne, qui n’autorise pas Gazprom à utiliser entièrement le pipeline. Nous ignorons encore ce que pourrait comprendre le modus vivendi sur l’OPAL. La situation est un peu paradoxale.

Aujourd’hui, Gazprom ne peut utiliser le gazoduc qu’à moitié. Il faut une autre compagnie de gaz pour les 50% restants. Sergueï Pravosoudov, directeur de l’Institut national de l’énergie, explique qu’il n’y en a toutefois pas et qu’il n’y a donc pas de gaz non plus.

« Le gazoduc OPAL est à moitié vide. Les parties souhaitent trouver un compromis afin qu’il soit utilisé à pleine puissance parce que les investisseurs n’ont pas placé leur argent pour que le pipeline soit à moitié vide. Il y a une possibilité : mettre ces 50 % sur le marché.

Si personne ne se propose hormis Gazprom, alors ils seront pour lui. Il se peut qu’il faille payer plus pour cela, parce que le mécanisme de ces attributions n’est pas très clair. Soit Gazprom sera seul, soit il y aura d’autres participants qui vont seulement faire augmenter les prix sans fournir de gaz. Je ne vois pas alors pourquoi on en aurait besoin. »

Selon les experts, la Commission européenne tente d’obliger la Russie à renoncer au monopole d’exportation de Gazprom sur le gaz de pipeline pour que d’autres entreprises puissent utiliser North Stream. Ainsi, la concurrence se développerait, ce qui est une bonne chose pour les consommateurs. Cependant, le monopole est encore là et les efforts de la Commission européenne sont pour l’instant vains.

Vitali Gromadi, analyste chez Arbat Capital, indique qu’il était au départ prévu que les gazoducs reliés à North Stream dans l'Union européenne obtiennent un statut particulier parce qu’ils passent par plusieurs pays dans lesquels les règles que l’Europe a adoptées pour limiter le monopole ne peuvent pas être appliquées.

« En principe, Gazprom peut faire quelques concessions. Il serait mieux pour lui de garder le contrôle du gaz de pipeline et d’accorder un certain volume aux fournisseurs sur le territoire des pays que traverse le gazoduc. »

Concernant le North Stream, une règle l’excluant du troisième Paquet « énergie » et autorisant Gazprom à l’utiliser à 100% a été introduite. Gazprom voudrait obtenir le même privilège pour le gazoduc South Stream. Les négociations sont en cours et il y a un espoir que South Stream soit reconnu comme paneuropéen.

Des investisseurs interviennent non seulement pour le compte de Gazprom, mais aussi pour toute une série d’entreprises européennes. Ils veulent que leur investissement soit rentabilisé et que le pipeline soit rempli.   /N