• Toujours aucun compromis sur le gaz russe pour l’UE (Presse)

    La Russie et l’Union européenne entament un nouveau cycle de négociations gazières dans le contexte de la détérioration significative des relations dans ce secteur, écrit jeudi 1er décembre le quotidien Kommersant.

    1.12.2011,
     

    Photo: EPA



    Aujourd’hui, Sergueï Chmatko, ministre russe de l’Energie, rencontrera à Moscou le commissaire européen à l’Energie Günther Oettinger. Ils aborderont les "questions pertinentes de la coopération énergétique", a rapporté le service de presse du ministère russe de l’Energie en se refusant à tout commentaire.

     

    La Commission européenne a également refusé d'évoquer cette visite. Début novembre, Sergueï Chmatko a déclaré qu’il avait l’intention de s’entretenir avec Günther Oettinger au sujet du Troisième paquet énergie de l’UE et du projet européen Corridor Sud destiné à acheminer le gaz en provenance d’Asie en contournant la Russie.

    Au cours des six derniers mois ces thèmes sont devenus la cause de la détérioration des relations gazières entre la Russie et l’UE.

    Selon les sources proches des négociations, "aujourd’hui Sergueï Chmatko essayera de régler le conflit et de convaincre le commissaire européen de revenir aux accords convenus auparavant."

    En mai, lorsque le russe Gazprom a soumis à la Commission européenne le projet de gazoduc South Stream en espérant qu’il ne sera pas concerné par les normes du Troisième paquet énergie (qui prévoit le libre accès au gazoduc pour les tierces personnes), Sergueï Chmatko a personnellement promis que d’ici l’automne l’UE signerait avec la Russie un accord intergouvernemental sur le statut particulier du gazoduc South Stream, qui est l’alternative russe au Corridor Sud.

     

    Dès son retour à Moscou, le ministre a donné les mêmes garanties aux dirigeants russes, ont déclaré les sources, et c’est la raison pour laquelle le Kremlin constate avec perplexité que l’accord intergouvernemental n’a toujours pas été signé.

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    D’ailleurs, selon les sources, aujourd’hui Moscou n’est pas tant préoccupé par le Troisième paquet énergie, qui est déjà considéré comme un fait établi, que par le lobbying actif du Corridor Sud par l’UE. "La situation est si sérieuse que je crains le début des exercices militaires russo-iraniens conjoints à proximité des frontières du Turkménistan et de la Turquie", a déclaré un fonctionnaire.

    La Russie voudrait bloquer le projet de construction du gazoduc transcaspien sous la mer caspienne entre le Turkménistan et la Turquie à destination de l’Europe, et aujourd’hui Sergueï Chmatko tentera de convaincre Günther Oettinger de revenir aux positions initiales des négociations."

    Il n’y a pas d’idées concrètes quant aux concessions mutuelles. La participation de Moscou au projet Nabucco (l’un des itinéraires possibles du Corridor Sud) figure parmi les plus improbables, déclare la source.

    Malgré les affirmations de Gazprom selon lesquelles South Stream sera construit dans les délais impartis, tout le monde est parfaitement conscient que la situation restera au point mort sans le consentement de la Commission européenne et de la Turquie (l’un des tronçons du gazoduc devrait passer via ses eaux), et il serait plus simple pour la Russie de participer au projet Corridor Sud plutôt que de s’efforcer d’y résister, a supposé un fonctionnaire russe.

    Toutefois, il a reconnu que cette idée était pour l’instant plutôt "exotique" et on ignore si Sergueï Chmatko l'évoquera pendant son entretien avec Günther Oettinger. Paolo Scaroni, président de l’italien ENI, qui était l’une des initiateurs du projet South Stream avec Gazprom, a été le premier à proposer d’unir South Stream et Nabucco. Or non seulement cette idée n’a pas été soutenue par Gazprom, mais elle est également devenue source du conflit entre le monopole gazier russe et Paolo Scaroni.

    Toutefois, l’affaire ne devrait pas aller jusqu’à un conflit sévère, car les Etats-Unis et l’Union européenne soulignent toujours que la Russie fait partie intégrante du secteur énergétique européen et qu’il faut continuer à travailler avec elle.

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