• South Stream : un test de résistance aux relations entre Ankara et Moscou

    South Stream : un test de résistance aux relations entre Ankara et Moscou

     
    Hier, 21:42
     

    Par La Voix de la Russie | Le premier-ministre bulgare Plamen Oresharski a indiqué que la Bulgarie a arrêté les travaux préparatoires pour la construction du gazoduc South Stream prétextant que la Commission européenne (CE) soupçonne ce projet d’enfreindre les règles de la concurrence de l'UE.

    Le chef d’Etat bulgare a fait cette déclaration lors d’un briefing à l’issue d’une rencontre avec un groupe de sénateurs américains. Selon Oresharski, l'avenir du projet sera déterminé après les consultations avec Bruxelles.

    Toutefois, le ministère de l'Energie de la Fédération de Russie a indiqué ne pas avoir reçu de notifications formelles de la part de la Bulgarie sur la suspension des travaux. La Bulgarie peut encore changer d’avis et soutenir ce projet malgré la pression des Etats-Unis, comme cela a déjà été le cas. Car si le transit de gaz par l’Ukraine pose problème, c’est la Bulgarie qui en pâtira en premier.

    Les États-Unis et leurs partenaires occidentaux essaient de bloquer les tentatives de la Russie de livrer le gaz russe vers l’Europe en contournant l’Ukraine pour maintenir la dépendance des importations européennes des hydrocarbures des relations entre Moscou et Kiev.

    D’ailleurs, le premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a annoncé la restructuration de la société gazière ukrainienne Naftogaz, proposant d’utiliser les actifs de cette société ensemble avec les Etats-Unis et l’Union européenne. Cela veut dire que les gazoducs ukrainiens pourraient ainsi passer sous le contrôle des sociétés européennes et américaines.

    Et si le projet South Stream est mis en œuvre, la valeur de leurs actifs sera réduite à zéro.

    La Turquie avait prévu une telle tournure des événements. Ankara avait déjà proposé pour éviter tout risque lié au transit, d’autoriser le passage du projet South Stream par son territoire, et non pas par le territoire de la Bulgarie.

    Cette idée était d’ailleurs évoquée par le président Vladimir Poutine. Le président russe a indiqué lors d’un discours que si Bruxelles continue à « mettre des bâtons dans les roues » de ce projet, la Russie envisagera d'autres options pour le tracé du South Stream, notamment par des Etats qui ne font pas partie de l’Union européenne, comme la Turquie.

    À son tour, le ministre turc de l'Énergie et des Ressources naturelles Taner Yildiz a affirmé être « prêt à discuter de cette option, si une demande correspondante vient de Moscou ». La seule question est de savoir si la Turquie va pouvoir résister à la pression des Etats-Unis pour bloquer South Stream.

    La Turquie avait déjà exprimé précédemment sa volonté d'augmenter les importations du gaz russe transitant par le gazoduc Blue Stream. Ce gazoduc est destiné à la livraison du gaz naturel russe vers la zone de la mer Noire transitant par le territoire de la Turquie. Cette volonté d’Ankara peut se comprendre, car la Turquie ne possède pas d’alternative au gaz russe pour le moment.

    On peut citer d’autres raisons, pour lesquelles le gouvernement turc cherche à renforcer sa coopération énergétique avec la Russie. La Turquie a de moins en moins de chances de rejoindre l'UE, malgré l’augmentation de son rôle politique aux yeux de Bruxelles, surtout suite aux évènements récents en Ukraine.

    Ainsi, la pression de la part des Etats-Unis et de leurs alliés sur la Bulgarie et la Turquie risque d’augmenter, les Américains essayant d’enrôler ces pays dans l’opération punitive contre la Russie. Ankara s'y oppose pour l’instant. De nombreux experts turcs estiment que leur pays pourrait envisager d’étudier la politique des sanctions envers la Russie, que le gouvernement turc considère comme vouée à l’échec, uniquement si l’UE propose à Ankara « quelque chose d’important et de solide » en échange.

    Un moment de vérité arrive donc pour Moscou et Ankara. C’est un test de résistance pour le fondement des relations commerciales et économiques bilatérales que les deux pays ont nouées. Comme le dit le dicton, il faut tourner la langue sept fois dans sa bouche avant de parler, car chacun risque de se retrouver perdant dans cette affaire.


     

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