• Kiev propose un gazoduc via l'Ukraine remplaçant South Stream


    Viktor Ianoukovitch a estimé le coût de la construction de South Stream via la mer Noire à hauteur de 25 milliards d’euros. "Nous proposons une approche souple sans la construction de South Stream, a déclaré le président ukrainien vendredi lors du forum international Stratégie européenne de Ialta. Le gazoduc South Stream doit passer au sud de l’Ukraine, en surface". Dans ce cas, le coût de ce nouveau gazoduc serait 5 fois moindre, a-t-il souligné.

    Kiev propose un gazoduc via l'Ukraine remplaçant South Stream
    11:11 20/09/2011
    Par Maria Selivanova, RIA Novosti

    La proposition du président ukrainien Viktor Ianoukovitch de construire un autre gazoduc via le territoire ukrainien et de renoncer à la construction de South Stream a peu de chances de recevoir les suffrages de Moscou. Car le but de la Russie consiste justement à éviter les risques liés au transit via l'Ukraine lors de la fourniture du gaz à l’Europe, estiment les experts.


    Une idée économiquement absurde

    La construction du gazoduc South Stream (La conduite doit passer par la mer Noire depuis la station de compression Beregovaïa sur le littoral russe jusqu’au littoral bulgare, et ensuite se diriger vers les pays d’Europe occidentale) via le territoire ukrainien est économiquement absurde.

    Telle a été la réaction du vice-président de Gazprom Valeri Goloubev dans les couloirs du forum d’investissement de Sotchi à la déclaration du président ukrainien. "Il aurait été possible de faire passer le gazoduc par la Crimée, Evpatoria, puis par la mer Noire, mais c'est inutile, puisqu’on dispose d'un itinéraire plus direct", a fait remarquer Goloubev. Cette proposition ne se justifie pas économiquement, selon lui.

    Le projet South Stream, comme Nord Stream, est destiné à diminuer la dépendance de la Russie du transit via le territoire ukrainien, et après la mise en œuvre de ces projets Kiev pourrait perdre une importante partie des recettes issues du transit.

    Une proposition dénuée d'intérêt

    De toute évidence, la déclaration de Viktor Ianoukovitch vise à élargir la liste des compromis recherchés par les deux pays pour régler le litige gazier.

    "La proposition de l’Ukraine n’intéresse absolument pas la Russie", déclare à RIA Novosti Vassili Tanourkov, analyste de la société d'investissement Veles Capital. La raison est simple : la construction de South Stream a été initiée précisément pour éviter les risques transitaires".

    S’il était seulement question du coût du projet, un gazoduc ukrainien serait inutile, car il suffirait de réparer le système de transport de gaz de l’Ukraine GTS, a expliqué l’expert.

    "L’Ukraine voudrait que les nouveaux gazoducs transitent par son territoire, a déclaré à RIA Novosti Vitali Krioukov, analyste à IDF Capital. Mais de toute évidence South Stream sera construit. Ce projet est important, et la décision politique appropriée a déjà été prise. La stratégie à long terme est simple : devenir totalement indépendant des pays de transit", a ajouté Vitali Krioukov.

    "Les déclarations de ce genre sont destinées à montrer que la Russie agit de manière irrationnelle, a fait remarquer Vassili Tanourkov. Et à le montrer non pas à la Russie, mais à la communauté internationale".

    Les négociations se poursuivront à Moscou

    La principale pomme de discorde des derniers mois entre l’Ukraine et la Russie est le prix du gaz. Actuellement, Kiev paie 354 dollars les mille mètres cubes. Les Ukrainiens estiment que ce prix est trop élevé.

    La Russie est prête à discuter de la diminution du prix du gaz à condition que l’Ukraine lui fasse des propositions intéressantes. Une telle proposition pourrait être, par exemple, l’adhésion de l’Ukraine à l’Union douanière ou la vente du système de transport de gaz ukrainien (GTS). L’Ukraine refuse et la confrontation assortie de batailles verbales quotidiennes se poursuit depuis plus de deux ans.

    "En réalité, l’Ukraine ne peut aucunement influer sur la décision de construire le gazoduc South Stream, sauf en vendant son système de transport de gaz (GTS), déclare Vassili Tanourkov. Si cela se produisait, la construction de South Stream serait peut-être annulée".

    Toutefois, Vitali Krioukov estime que pour l’instant les Ukrainiens n’y sont pas prêts, et dans un an ou deux la Russie pourrait renoncer à la volonté d’acquérir le GTS. "D’autant plus qu'à l'issue de la prochaine présidentielle en Ukraine, le gouvernement pourrait changer. Il est moins risqué pour la Russie, en tant que fournisseur de gaz, de construire ses propres gazoducs en contournant les pays transitaires, sans prétendre à l’achat du GTS ukrainien", déclare Vitali Krioukov.

    Apparemment, Kiev et Moscou devront chercher un compromis sur la question gazière le 24 septembre, lorsque Viktor Ianoukovitch se rendra en Russie sur l’invitation du président russe Dmitri Medvedev.

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